Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/366

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femmes de leur famille ont droit au nom d’Augusta : Dagobert prend la qualité de roi des Francs et de prince du peuple romain ; et si les lettrés de la cour parlent de l’ancien roi ChiLléric, ils lui donnent le titre de DIVUS, et le mettent au rang des dieux. Le protocole de Byzance passe dans les chancelleries d’Austrasie et de Neustrie. On parle au prince au pluriel ; on le traite d’Excellence, d’Altesse, de Majesté et, pour montrer que le sens de ces termes fastueux n’a pas péri, on poursuit les traîtres comme coupables de lèse-majesté, et c’est la loi romaine qui les punit de mort[1]. Le soin des apparences ne fait pas négliger les réalités. Les rois des Francs héritent de toutes les prétentions impériales sur le gouvernement de l’Église. Clovis, ce païen d’hier, vient de revêtir les insignes du patriciat, et, à l’exemple de Constantin, il se considère comme l’évêque du dehors. Il convoque en 511 le concile d’Orléans, et cette assemblée lui adresse ses canons, « pour que le consentement d’un si grand roi prête une autorité nouvelle aux décisions des évêques. » Le même concile accorde que nul ne soit ordonné clerc qu’avec l’autorisation du prince

  1. Sur le costume des Mérovingiens, Montfaucon, Monuments de la monarchie, t I, et les médailles de Théobert publiées par la Revue de Numismatique.t. XIII. Sur les titres impériaux donnés aux rois, Vita S. Martini Vertavensis, Vita S. Praejecti, S. Germani Parisiensis, S. Carilefi, S. Fridolini, S. Medardi. Lehuerou, t. I p. 597. Agathias fait allusion à ce gouvernement tout romain des rois francs « Alla kai politeia xrôntai ôs ta polla rômaikè