Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/371

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les conditions de la monarchie germanique ; le respect, non de la personne, mais de la race la précaire destinée de ces princes qu’on abat à coups de hache, de ces reines qu’on lie à la queue des chevaux, et cependant le culte religieux qui s’attache encore à la famille de Mérovée, comme a une dynastie divine, seule capable de fixer la victoire du côté des Francs. Toutefois ce culte* du sang royal devait s’affaiblir avec les souvenirs païens qui le soutenaient ; les Francs se détachèrent d’une race où ils ne reconnaissaient plus rien de ses aïeux,’et les Mérovingiens se perdirent, pour avoir poussé trop loin cette tentative de restauration romaine, pour n’avoir pas su distinguer, dans les restes du passé, l’esprit qu’il fallait sauver et les formes qu’il fallait laisser périr. Quand les guerriers mirent Pépin le Bref sur le pavois, ce fut la royauté barbare qu’ils relevèrent. Mais les évêques rassemblés à Soissons sacrèrent l’élu du peuple, et cette nouveauté marque l’avénement d’un principe qui travaillait à se faire jour depuis trois cents ans[1].

Si l’Église avait eu la sagesse de reconnaître la vocation des Francs, elle eut aussi le courage de la seconder, de la dégager des instincts barbares qui l’étouffaient. Saint Rémi, ce prêtre expérimenté et versé dans toutes les affaires comme dans toutes

  1. Gregorius Turonensis, IV, 14 ; VII, 8.