Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/549

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ancien condisciple refusât de le manger. Bède adressait son Histoire ecclésiastiquedes Anglais au roi Ceolwulf, pour la lire, la méditer, et la répandre parmi les peuples de son obéissance. Mais ses écrits allèrent plus loin ils passèrent sur le continent, et les missionnaires anglo-saxons, exilés dans les forêts de la Hesse et de la Thuringe, se faisaient envoyer les livres de Bède pour la consolation de leur pèlerinage. En effet, ces pieux étrangers, qui avaient renoncé à la paix de leurs couvents, qui avaient brisé toutes les attaches dé la nature pour aller vivre parmi les barbares, ne s’étaient jamais détachés des plaisirs de l’esprit. Saint Boniface, au milieu de ses fatigues, trouvait le temps de corriger les vers de ses disciples, et de composer son poëme des Vertus. En fondant l’abbaye de Fulde au cœur de la Germanie, il voulait que la science y eût place au foyer et dans la lettre où, pressentant sa fin prochaine, il demandait la protection de Fulrad, abbé de Saint-Denis, pour ses missionnaires perdus sur la frontière des païens, il lui recommandait aussi ses moines, voués à l’étude dès l’enfance. Les colonies anglosaxonnes se multiplièrent elles poursuivirent au huitième siècle la mission commencée au septième par les pèlerins Irlandais elles continuèrent la tradition des lettres et l’éducation des Francs. Au bout de cent ans, Fulde était l'école, non de la Germanie seulement, mais de tout l’empire carlo-