Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/550

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vingien. On y professait, comme à Saint-Gal, toutes les sciences, tous les arts, toutes les industries qui font l’ornement de la civilisation. Pendant que les défrichements, poussés avec vigueur, éclaircissaient la forêt vierge, et que les belles fermes de l’abbaye réduisaient en pratique les règles de l’agriculture romaine, il y avait des fonds affectés à tous les ouvrages de pierre, de bois et de métal ; et le trésorier veillait à ce que les ateliers. de sculpture, de ciselure, d’orfèvrerie, ne fussent jamais vides. Une inscription en vers, tracée sur la porte de la salle où travaillaient les copistes, les exhortait à multiplier les livres, en prenant garde de s’attacher à des textes corrects, et de ne pas les altérer par des interpolations frivoles. L’enseignement littéraire avait pris cet essor vigoureux, cette subtilité philosophique, cette passion de la controverse, qu’on n’attend guère qu’au douzième siècle. Le moine Probus professait pour Virgile et Cicéron un culte si religieux, qu’on l’accusait, en riant, de les ranger au nombre des saint. On étudiait l’introduction de Porphyre aux Catégories d’Aristote avec tant d’acharnement, qu’on disputait si les genres et les espèces dont traitait le philosophe étaient des noms ou des choses ; et les controverses de Fulde remuaient déjà le problème qui devait mettre aux prises, pendant trois cents ans, les réalistes et les nominaux. Sans doute l’école anglo-saxonne ne se défit pas tout d’un coup des ha-