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sion du château d’Utrecht pour les missionnaires qu’il entretient en Frise ; mais on ne voit point qu’il y ait prêché. Ces deux évêques annoncent une époque de prosélytisme : ils ne l’ouvrent pas encore[1].

Cependant l’esprit des apôtres venait de pousser chez les infidèles Lupus de Sens (615), violemment chassé de son siége par les leudes et la complicité du clergé. Ce proscrit inaugurait obscurément la mission qui devait être poursuivie avec tant d’éclat, sur les bords de l’Escaut et de la Meuse, par saint Éloi et saint Amand[2].

On connaît assez les commencements de saint Éloi, et comment cet ouvrier ciseleur, appelé au conseil des rois, compta parmi les grands hommes de son temps. On sait moins que, devenu évêque de Noyon en 640, il s’arracha à ces habitudes sédentaires qui faisaient l’impuissance de l’épiscopat austrasien ; il commença à s’enfoncer dans les campagnes et à visiter les tribus des Suèves, des Frisons et des autres barbares campés dans les plaines de la Flandre, depuis Courtray jusqu’à Anvers. Ces peuples, perdus aux dernières extrémités du monde, n’avaient pas connu le Christ ; et, quand Éloi parut au milieu d’eux, ils se jetèrent sur lui

  1. Epist. Bonifacii, édit. Wurdtwein, p. 279. Rettberg, Kirchengeschichte, p 488, 537. Guizot, Histoire de la civilisation en France, dix-neuvième leçon.
  2. Vita S. Lupi, apud Surium, 1 sept.