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CHAPITRE II


SAINT FRANÇOIS[1]


La poésie italienne, comme toute poésie, descend de deux sources, l’une sensuelle, l’autre religieuse, qui mêlent quelquefois leurs eaux, mais dont on peut suivre les deux courants distincts depuis les premiers temps jusqu’à nous.

C’est à la fin du douzième siècle et en Sicile, au milieu des enchantements de cette brûlante contrée ; c’est chez un peuple mêlé de sang grec et arabe, ingénieux, sans frein dans ses plaisirs comme dans ses vengeances, qu’on trouve les premiers vers italiens. Cet art nouveau fleurit à la cour de Frédéric II, grand et mauvais prince, dont le génie et l’impiété firent pendant cinquante ans l’étonne-

  1. Les sources consultées pour ce travail sont premièrement les écrits de saint François, Opera sancti Francisci; secondement les trois biographies du saint : celle qui fut écrite deux ans après sa mort par Thomas de Celano ; celle des trois disciples qui furent chargés de compléter cette première rédaction ; enfin celle que saint Bonaventure composa un peu plus tard avec les traditions encore vivantes et des documents plus nombreux. Voyez aussi Wadding, Annales minorum, tome I ; Chavin de Malan, Histoire de François d’Assise. Gœrres a écrit des pages savantes et ingénieuses sur saint François d’Assise troubadour.