Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lations divines : Mais, comme s’il eût été impossible d’approcher impunément du tombeau miraculeux, les peintres appelés à l’orner de leurs fresques se sentirent agités d’un esprit nouveau : ils commencèrent à concevoir un idéal plus pur, plus animé que les vieux types byzantins, qui avaient eu leur grandeur, mais qui, depuis huit cents ans, allaient se dégradant toujours. La basilique d’Assise devint le berceau d’une renaissance dont elle vit tous les progrès. C’est là que Guido de Sienne et Giunta de Pise se détachèrent peu à peu des maîtres grecs, dont ils adoucirent la sécheresse et secouèrent l’immobilité. Cimabuë vint ensuite. Il représenta toute l’histoire sainte dans une série de peintures qui décoraient l’église supérieure, et que le temps a mutilées. Mais six cents ans n’ont pas terni la splendeur des têtes du Christ, de la Vierge et de saint Jean, qu’il peignit au sommet des voûtes, ni les images des quatre grands docteurs, où la majesté byzantine s’allie déjà avec un air de vie et de jeunesse immortelle. Enfin Giotto parut, et l’un de ses ouvrages fut le Triomphe de saint François, peint en quatre compartiments sous la voûte qui couronne l’autel de l’église inférieure. Rien n’est plus célèbre que ces belles fresques ; mais je n’en connais pas de plus touchante que celle où sont figurées les fiançailles du serviteur de Dieu avec la sainte Pauvreté, la Pauvreté sous les traits d’une femme parfaitement belle, mais le visage amaigri, les vêtements