Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/94

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déchirés : un chien aboie contre elle, deux enfants lui jettent des pierres et mettent des épines sur son chemin. Elle cependant, calme et joyeuse, tend la main à François le Christ lui-même unit les deux époux ; et au milieu des nues paraît l’Éternel, accompagné des anges, comme si ce n’était pas trop du ciel et de la terre pour assister aux noces de ces deux mendiants. Ici rien ne rappelle les procédés de la peinture grecque : tout y est nouveau, libre, inspiré. Le progrès ne s’arrête plus parmi les disciples de Giotto appelés à continuer son œuvre : Cavallini, Taddeo Gaddi, Puccio, Capanna. Au milieu de la variété de leurs compositions on reconnaît l’unité de la foi, qui rayonne dans leurs œuvres. Quand on s’arrête devant ces chastes représentations de la Vierge, de l’Annonciation, de la Nativité, : devant ces images du. Christ crucifié, avec des anges si tristes pleurant autour de la croix, ou recueillant dans des coupes le sang divin, il faudrait avoir le cœur bien dur pour ne pas sentir les larmes venir aux yeux, pour ne pas s’agenouiller, en se frappant la poitrine, avec les pâtres et les pauvres femmes qui prient au pied de ces images. Alors seulement on s’aperçoit que saint François est le véritable maître de l’école d’Assise : on sent ce qu’il lui communiqua de chaleur et de puissance. On comprend enfin comment Giotto sortit de là capable de commencer cet apostolat trop peu connu qui en fit un si grand homme, qui le conduisit à Pise, à Padoue,