Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/119

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et il n’y aurait plus d’exil le jour où l’homme verrait son Père céleste face à face, ni d’épreuve lorsqu’il aurait déjà reçu le prix. Il faut que le rideau reste suspendu devant lui et lui dérobe cet accord admirable des attributs de Dieu, dont la vue immédiate fera un jour son bonheur. Mais, pour consoler cet exilé sublime et pour charmer ses tristesses, un présent lui a été fait : c’est l’Espérance. La Vérité, aperçue par la Foi, se formule et devient Dogme. La Charité, s’associant aux desseins de la Bonté divine, s’épanche au dehors et produit les Œuvres. L’Espérance prend son essor vers cette Beauté parfaite qui se cache à ses yeux, et elle se donne deux ailes, la prière et le sacrifice : elle essaye de représenter par les signes ce qu’elle ne voit pas, et elle crée le symbole. De la prière, du sacrifice et du symbole, se compose le culte. Foi, Espérance, Charité voilà les trois anneaux de la chaîne merveilleuse qui rattache l’existence présente à l’existence future, et qui pour cela s’appelle Religion. Ces trois anneaux ne sauraient être séparés ; ces trois éléments essentiels de la vie morale sont immuables en eux-mêmes et cependant progressifs dans leur expression. La Foi s’explique par l’interprétation successive du Dogme ; la Charité s’applique, par la multiplication perpétuelle des Œuvres, et, à mesure que le Culte se développe, l’Espérance se fortifie.