Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/420

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même temps un ardent foyer de poésie, et il proclama cet axiome sublime « L’admiration est le principe du savoir.» De là l’éclat de son style, la pose majestueuse de ses idées, la multiplicité et la hardiesse de ses figures. A l’entendre raconter les conquêtes de l’intelligence, souvent on croirait ouïr quelque récit épique des temps primitifs ou bien il semblerait que, transporté dans quelque sanctuaire d’Orient, on assiste aux leçons d’un prêtre initiateur. La cause en serait-elle dans l’époque où il écrivait, placé entre Shakspeare et Milton, presque contemporain de cette Italie de Léon X, où la poésie avait imposé son langage à la philosophie elle-même ? ou plutôt ne faudrait-il pas chercher la source de l’éloquence de Bacon dans la lecture assidue de la Bible ? Plus d’une fois sur les lèvres du philosophe il y a un écho de la harpe des prophètes.

Car, et ce n’est pas ici le moindre de ses honneurs, ce génie magnifique était profondément religieux. La nature ne lui apparaissait qu’entre deux êtres dont elle était le lien Dieu d’un côté, qui en était le créateur, et qu’il fallait glorifier dans ses merveilles ; l’homme d’un autre côté, qui en avait reçu la jouissance, et à qui il fallait faire profiter ses trésors. Ces deux idées dominaient toutes les idées de Bacon l’une faisait pour lui la sainteté, l’autre l’utilité de la science. Le commencement de son travail de chaque jour était une