Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/45

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met de la colline qui domine la ville sombre et funeste demeure, et comparable à la tour de Londres par le sang qui s’y versa. Là se consommèrent ces luttes fratricides qui furent si longtemps le crime de l’Espagne devant Dieu, son opprobre devant la chrétienté et sa faiblesse devant les infidèles. Là Alfonse le Sage fit mourir son frère don Fadrique, et Sanche le Brave, son frère don Juan. Les mêmes murs virent les orgies et les fureurs de Pierre le Cruel ; et dans un siècle plus humain, sous Charles V, les libertés publiques y furent ensevelies avec les derniers chefs des Comuneros. Du haut de cette citadelle les rois tenaient en respect l’aristocratie des Ricos hombres, établie militairement dans les maisons seigneuriales de la calle San Juan , de la calle San Lorenzo, de la calle d’Avellanos. Plusieurs de ces maisons, rajeunies il est vrai au quinzième siècle, s’annoncent comme des donjons et cachent des palais, des cours ornées de portiques et de colonnades. La demeure du connétable Hernandez de Velasco déploie encore sa formidable façade, qui semble bâtie pour soutenir des sièges. Le collier de l’ordre Teutonique, lourdement sculpté, se déroule autour du portail. Mais franchissez la porte menaçante, et le Patio s’ouvrira devant vous entouré d’élégantes galeries, couronné de larges terrasses, dont la balustrade à jour semble dessinée par un crayon florentin. Ajoutez-y à profusion les draperies et les fleurs, les orchestres