Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/23

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expressions qui courent en-dessous et qui parfois affleurent, qui sont du langage catholique même et généralement chrétien, qui ne peuvent s’adresser qu’à des catholiques mêmes et généralement à des chrétiens, qui ne peuvent être entendues que de catholiques mêmes et généralement de chrétiens.

Particulièrement ces œuvres, qui sont littéralement confessionnelles, sont bourrées de ces expressions.

Il méprise les modernes. On sent qu’il méprise les modernes. À un certain ton, qu’il a, et qui est délibéré. Il est plein d’expressions, voulues, de formes, intentionnelles, qui leur passent par-dessus la tête, qui de toute façon leur demeurent inaccessibles. Qui leur sont et leur demeurent insaisissables, et, comme on dit, littéralement, impensables. Étant du style de la vie intérieure, et même, techniquement, et particulièrement, du style de la vie spirituelle.

À ce style, à des emplois qu’il fait de ce style, à l’idée même, ou à l’instinct qu’il a eu généralement d’en faire emploi, à la lente ascension, et au brusque surgissement de certains mots, on sent que ces modernes sont pour lui des partisans, grossiers, lui qui n’était pas grossier, au moins dans le même sens.

Nos modernes, qui n’ont jamais rien ignoré, de tout ce qu’ils avaient à savoir, et ensemble de tout le reste, pouvaient n’ignorer pas le mépris où les a toujours tenus Renan leur fondateur. Mais, fût-on moderne, il est toujours pénible, de prendre connaissance, fût-elle scientifique, d’un mépris, fût-il justifié, dont on est l’objet. Combien n’est-il pas plus désagréable, pour les