Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/54

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c’est précisément cela que M. Viviani a commencé par faire, s’est empressé de faire pour son commencement de ministère, pour son installation, et aussi pour sa rentrée à la tribune : démasquer ses batteries, parlant au nom du parti intellectuel, révéler, dénoncer, victorieusement annoncer l’arrière-pensée du parti intellectuel.

Un très grand nombre d’intellectuels avaient déjà mangé le morceau. Mais aucun d’eux n’avait jamais encore parlé au nom du gouvernement, officiellement et comme étant un membre du gouvernement.

Les catholiques avaient souvent dit que telle était l’arrière-pensée du parti intellectuel, et même une pensée qui n’était plus arrière du tout. Mais ils avaient tant menti, comme parti politique autoritaire, quand ils étaient eux-mêmes le parti de gouvernement, que l’on ne pouvait croire qu’ils dissent vrai depuis qu’ils étaient devenus non point tant une minorité, au moins électorale, persécutée, qu’une minorité, au moins électorale, destinée, dans l’intention du parti intellectuel, à subir la persécution.

Pour la première fois depuis que Renan a jeté, a posé les tout premiers tracés des statuts de la domination du parti intellectuel un ministre de la République, un secrétaire d’État, parlant officiellement et formellement en son nom et au nom du Gouvernement à la tribune de la Chambre, aux applaudissements d’une immense majorité, dans le silence mal averti de toute la minorité, applaudissements ratifiés et silence souligné par un affichage voté lui-même à une énorme majorité, pour la première fois un membre du Gouvernement est monté à la tribune et a déclaré, officiellement et en titre, a