Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/61

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Nous lui avons dit qu’il n’y avait, derrière les nuages que poursuit son regard douloureux, que des chimères célestes, et d’un geste magnifique, nous avons éteint, dans le ciel, des lumières qu’on ne rallumera plus. Mais nous-mêmes aujourd’hui soyons historiens. À nous la confrontation des textes. Faisons jouer l’appareil critique. Reportons-nous au Journal officiel, numéro du même vendredi 9 novembre. Non point que le texte du Journal officiel soit de soi un texte plus authentique. Souvent au contraire il est moins authentique, étant le texte que l’orateur a revu plus à loisir, qu’il a corrigé sur épreuves, qu’il a établi à tête plus reposée. Ainsi le texte du Journal officiel, qui est celui que l’on affiche en cas d’affichage, loin de donner authentiquement, au sens de réellement, ce qui a été dit en séance, ne le donne que authentiquement au sens de officiellement et non point au sens de réellement. Nous n’avons point là ce qui a été dit réellement en séance, mais ce que le soir, lisant ses épreuves à l’imprimerie, ou dans un bureau, l’orateur veut qu’il soit publié officiellement qu’il ait dit.

Or le texte du Journal officiel, pour le passage que nous avons retenu, est non seulement plus complet, ce qui est naturel, mais plus explicite encore et plus marqué que ce texte que j’ai conjecturé être un simple texte analytique. Et de cette explicitation et de ce marquage on doit féliciter également et l’orateur et le ministre. On doit aussi l’en remercier. Avec lui au moins nous savons je ne dis pas seulement même où nous allons, car lui-même il ne parle qu’au passé, mais où nous sommes allés, où nous sommes arrivés :