Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fabrique des allumettes et qui fabrique des lois, qui fabrique du transport par chemins de fer et des règlements d’administration publique, non sans peine et souvent sans quelque embarras, qui s’aperçoivent, laissera-t-il en paix définitivement les consciences et comprendra-t-il que ce n’est pas son affaire que de nous fabriquer de la métaphysique.

Quand donc l’État, fabricant d’allumettes et de contraventions, comprendra-t-il que ce n’est point son affaire que de se faire philosophe et métaphysicien.

Il y en a déjà bien assez, qui sommes métaphysiciens.

Nous avons le désétablissement des Églises. Quand aurons-nous le désétablissement de la métaphysique.

Quel onze ou douze décembre, puisqu’on nous parle toujours de ce onze décembre, le onze ou douze décembre de quelle année du temps nous apportera le désétablissement de la métaphysique.

Quand un ministre à la tribune enfin comprendra-t-il que ce n’est pas son affaire, comme ministre, de nous faire un enseignement ni une imposition de métaphysique ; et qu’il a tant d’autres choses, utiles, à nous dire et à faire.

Nous n’avons plus de catéchisme d’État. Il n’y a pas très longtemps et nous devons nous en féliciter sans aucunes réserves. Faudra-t-il, Pulligny, que ce Monde sans Dieu qu’ensemble nous éditâmes d’un bon accord,