Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DES SAINTS INNOCENTS

J'en retiens au contraire que Joinville m'aime ordinai- rement

Honnêtement, comme un pauvre homme peut m'aimer,

Doit m'aimer.

Et que saint Louis au contraire m'aime trente fois plus qu'ordinairement,

Trente fois plus qu'iionnêtement.

Que Joinville m'aime à la mesure,

Et que saint Louis m'aime trente fois plus qu'à la mesure.

(Et si je l'ai mis dans mon ciel, celui-là, au moins je sais pourquoi).

��Voilà comme je compte, dit Dieu. Et alors mon compte est bon. Car cette lèpre dont il s'agissait,

Cette lèpre dont ils parlaient et d'être lépreux

Ce n'était pas une lèpre d'imagination et une lèpre d'in- vention et une lèpre d'exercice.

Ce n'était pas une lèpre qu'ils avaient vue dans les livres ou dont ils avaient entendu parler

Plus ou moins vaguement

Ce n'était pas une lèpre pour en parler ni une lèpre pour faire peur en conversation et en figures.

Mais c'était la réelle lèpre et ils parlaient de l'avoir, eux-mêmes, réellement.

Qu'ils connaissaient bien, qu'ils avaient vue vingt fois

En France et en Terre-Sainte,

Cette dégoûtante maladie farineuse, cette sale gale, cette mauvaise teigne,

85

�� �