Page:Panckoucke - Le grand vocabulaire françois, 1772, T22.djvu/583

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l'homme , il n’a point de queue. Un des caractères généraux de ces ani- maux, c’eft d’avoir deux dents inci- fives , point de dents canines, les doigts onguiculés & des piquans fur le corps. Le dos & les côtes du porc-épic que nous décrivons, fonr couverts de piquans un peu courbes de différentes longueur & groffeur, pointus comme des alènes , annelés de blanc & d’un brun noirâtre, Il yen a de tout-à-fait blancs; les plus gros font les moins longs , ils ont depuis fix jufqu'à douze pouces ; les autres ont quinze pouces & font flexibles. Le porc-épic a fur la rêre & le derrière du cou, one efpèce de panache formé de quantité de piquans fort déliés, femblables à des foies de fanglier ; la poitrine & le ventre font encore couverts de foies à peu près pareilles.

Les autres efpèces de porcs-épics varient par quelques différences, qui frappent bien plus lorfqu'on voit l'animal , que par les defcrip- tions mêmes les plus exactes. Le

rc-épic a un mufeau de cochon ; ds oreilles font pendantes & pref- que pelées comme celles des pour- ceaux de Hollande : fes yeux font grands & brillans. Le porc-épic de la nouvelle Efpagne eft de la gran- deur d'un chien “4 moyenne taille : on le trouve fur les montagnes. Le porc-épic de la baie de Hudfon reffemble beaucoup au caftor par fa taille & par fa groffeur. Il fait ordinairement fon nid fous les ra- cines des grands arbres ; il fe nour- rit d'écorces d'arbres, il mange de la neige en hiver & boit de l'eau en été; les Sauvages le man- gent & trouvent fa chair délicieufe ; elle à cependant une faveur fade. Le porc-épic du Canada eft un ani- mal lourd ; il eft chargé d’un très-

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grand nombre de piquans ; il n'y a

int de chaffeur qui ne le joigne à

a courfe : on peut le tuer d’un feul coup de bâton donné fur le mufeau. Ces animaux habitent les pays de montagnes : les pékans , les ours, & les carcajoux leur font la guerres mais s'ils peuvent approcher de quelque arbre ils y gcimpent, ga- re les plus petites branches, & affent la patience de leursennemis.

Il ne faut pas ajouter foi à ce que difent prefque unanimement les voyageurs & les naturaliftes qui donnent à cet animal la faculté de Jancer fes piquans à une affez grande diftance & avec allez de force pour percer & bleffer profondément , ni s'imaginer avec eux que ces piquans tout féparés qu'ils font du corps de l'animal , ont la propriété très-ex- traordinaire & toute particulière de pénétrer d'eux mêmes & par leurs propres forces plus avant dans les chairs, dès que la pointe y eft une fois entrée; ce dernier fait eft purement imaginaire & deftitué de tout fondement, de toute raifon ; le premier eft aufli faux que le fe- cond : mais au moins l'erreur paroît fondée fur ce que l'animal lorfqu'il eft irrité ou feulement agité , re- dreffe fes piquans, les remue; & que comme il y a de ces piquans qui ne tiennent à la peau que par une efpèce de filer ou de pédicule délié, ils tombent aifément.

On fait par le témoignage de gens qui ont élevé des porcs-épics dans des ménageries , que dans l'é- tat de domefticité cer animal n’eft ni féroce ni farouche , qu’il n’eft

ue jaloux de fa liberté ; qu'à l'aide

e fes dents de devant qui fonr fortes & tranchanres comme celles du caftor , il coupe le bois & perce aifément la porte de fa loge, On