Page:Panckoucke - Le grand vocabulaire françois - 1770 - T13.djvu/607

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HYP jours fige. Un de fes Ecoliers con- çut pour elle un amour fi violent qu'il mit tout en ufage pour avoir fes faveurs : mais elle ne répondit jamais aux inftances de fon amant que par des raifonnemens philofo- phiques ; tous les Préfets d'Egypte recherchèrent fon amitié ; Orefte furtout fur lié rrès - étroitement avec elle. Comme ce Préfet étroit brouillé avec S. Cyrille & qu'il ne vouloit pas fe HAN LOS , le peuple crar que c'étoit par le con- feil d'Hypacieuqui étoit payenne comme lui : cette idée ayant échauf- . fe les efprirs, il s'en trouva qui furent re 2 fanatiques pour la tuer à coups de pierre en 415 ; ils déchi- rèrent fon corps par morceaux , traînèrent fes membres par la Ville & les brûlèrenr. Cetre fille, aufli ingénieufe qu'infortunée , avoit compolé plufieurs ouvrages qui ne oi pas parvenus jufqu’à nous,

HYPALLAGE ; fubftantif féminin.

. Sorte de figure par laquelle on fair un changement dans quelques ex- préflions.

Virgile, pour dire metre à la voile, a dit dare claffibus auftros: l'ordre paturel demandoit qu'il dit plutôt dare claffes auftris.

Cicéron , dans l'oraifon pour Marcellus, dir à Céfar qu'on n'a jamais vu dans la Ville fon épée vide du foureau, gladium vaginä vacuum in urbe non vidimus. | ne s'agit pas du fond de la penfée Fo eft de faire entendre que Cefar n'avoir exercé aucune cruauté dans la Ville de Rome, il s'agit de la combinaifon des paroles qui ne paroïffent pas liées entre elles comme elles le font dans le lan- gage ordinaire, car vecuus fe dir

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plurôt du foureau que de l'épée. Ovide commente fes méramor- phofes par ces paroles :

In nova fert animus mutatas dicere formas Corpora. .

La conftruétion eft animus fertme ad dicere formas mutatas in nova corpora. Mon génie me porte à raconter les formes changées en de nouveaux corps : il éroit plus naturelde dire, à raconcer les corps, c'eft-à-dire, à parler des corps chan- gés en de nouvelles formes.

Vous voyez que dans ces fortes d’expreflions les mots ne font pas conftruits ni combinés entre eux comme ils le devroient être felon la deftination des terminaifons & de Ja conftruétion ordinaire. C'eft cetre tranfpofition ou° changement de conftruétion qu'on appelle Aypa- lage, mot grec qui fignifie chan- gement.

Cette figure eft bien malheu- reufe : les Rhéreurs difent que c'eft aux Grammairiensà enparler,& les Grammairiens la renvoient aux Rhéteurs : l'hypallage, à vrai dire , n'eft point une figure de grammaire , dit la nouvelle méthode de Port- Royal. C’efl un trope où une figure d'élocurion. Au relte dans quelque rang on jage à propos de placer Fhypallage , 1l eft certain, & M. du Marfais, que c'eft une figure très-remarquable.

Souvent la vivaciré de l'imagi- nation nous fair parler de manière que quand nous venons enfuire à confdérer de fang froid l'arrange- ment dans lequel nous avons conf- truit les mots dont nous nous fom- mes fervis, nous trouvons que nous