Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
le beau valet.

tendit à un écuyer, et donna librement cours à ses pensées. Il s’y complut même au point de ne pas demander pourquoi le chevalier de Nohan leur faisait laisser le droit chemin pour suivre un étroit sentier, et il ne s’en aperçut qu’en sentant une branche d’arbre le frapper au front. « Qu’est-ce, dit-il à son guide, et pourquoi avons-nous quitté la voie droite ? — Parce qu’elle était moins sûre. — Pourquoi ? — Je n’entends pas vous le dire. — Je le veux savoir. — Vous ne le saurez pas. » Le valet va prendre son épée aux mains d’un écuyer et revenant au chevalier : « Vous le direz, ou vous êtes mort. — Mort ? répond l’autre en riant, oh ! je ne suis pas si facile à tuer. Mais je pense que vous devez vous réserver pour ma dame. Reprenons, puisque vous le voulez, le droit chemin, et vous verrez bientôt si j’avais mes raisons pour ne pas le suivre. »

Ils regagnent le grand chemin, et ne tardent pas à atteindre un perron ou pilier[1], près d’une

  1. « Un perron lés une moult bele fontaine ». Le perron doit toujours s’entendre d’un pilier ou fût de colonne. Ainsi le perron à l’enclume d’où Artus avait détaché l’épée. Je crois que M. Viollet-le-Duc, dans son excellent Dictionnaire de l’architecture française, a confondu le sens de perron avec celui de degré. Tous les exemples qu’il cite du perron doivent s’entendre de pilier ou colonne, et non pas d’escalier. De là le sens inexact qu’il a donné à un passage de Joinville.