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lancelot du lac.

fontaine. L’œil pouvait de là apercevoir un beau pavillon tendu au milieu d’une grande prairie. « Apprenez, dit alors le messager de Nohan, que dans le pavillon que vous voyez est une pucelle de grande beauté qu’y retient un chevalier plus fort, plus grand d’un demi-pied que les plus grands chevaliers. Il ne craint personne, il est sans pitié pour ceux qu’il abat. Voilà pourquoi je voulais éviter sa rencontre. — Et moi, dit le Beau valet, je veux aller au-devant de lui. — Comme il vous plaira ; mais je n’entends pas vous suivre. — Restez donc ! » Disant cela, le Beau valet descend de cheval, prend l’épieu d’une main, le heaume de l’autre et s’avance seul jusqu’au pavillon dont il essaye d’ouvrir la porte. Le grand chevalier était assis dans une chaire élevée : « Que diable venez-vous faire ici ? dit-il. — Je viens voir la demoiselle que vous tenez enfermée. — Oh ! je ne la montre pas au premier venu. — Que je sois ou non premier venu, je la verrai. » Et il fait de nouveaux efforts pour ouvrir le pavillon. — « Un instant, beau sire ! La demoiselle dort, attendez son réveil. Si vous avez tant envie de la voir, je ne veux pas vous tuer pour cela ; j’y aurais trop peu d’honneur. — Pourquoi y auriez-vous peu d’honneur ? — En vérité, vous êtes trop petit, trop jeune pour valoir mes coups. — Peu m’importent, après tout, vos