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lancelot du lac.

sées, tous les deux tombèrent en même temps sous le ventre de leurs chevaux. On accourut pour les relever ; les gens de Galehaut plus nombreux emmenaient prisonnier Galeguinan, quand vint Yvain l’avoutre à la rescousse, qui délivra Escoral. Galehaut fit avancer une seconde échelle à laquelle répondit monseigneur Gauvain. Les Bretons allaient emporter l’avantage de la journée, quand Galehaut couvrit la plaine de nouvelles batailles, qui obligèrent le vaillant et sage neveu d’Artus à rentrer en bon ordre au camp. Les lices furent alors attaquées ; Gauvain, qui valait le meilleur rempart, vit tomber son cheval mortellement frappé ; messire Yvain, avec tous ceux qui n’avaient pas encore donné, fit un suprême effort, et les assaillants rebroussèrent chemin. Le Roi-premier conquis vuida les arçons ; mais messire Gauvain eut grande peine à remonter : il était couvert de plaies dont il ne guérit jamais bien, et, à partir de ce jour, on parla moins de ses prouesses et plus de celles de Lancelot du lac[1].

Ainsi le roi Artus eut l’avantage de la première journée. Quelle ne fut pas sa douleur en voyant une seconde fois ramener son neveu Gauvain couvert de sang ! Les médecins recon-

  1. Gauvain étant le héros sans pair des Bretons, notre auteur croit devoir justifier ainsi la supériorité qu’il donnera au jeune Lancelot sur le vieux Gauvain.