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lancelot du lac.

mieux tout perdre que de ne pas secourir messire Gauvain. Nous avons donc attaqué les gloutons : mais nous n’étions que quinze et n’avons pu soutenir la lutte. D’ailleurs, celui qui conduisait les vingt chevaliers était si grand, si fort, qu’on ne pouvait tenir devant lui. Mes compagnons ont été tués ; seul j’ai pu m’échapper, navré comme vous voyez. Pour ma dame de Cabrion, quand elle a vu tomber ses hommes, elle s’est enfuie à travers la forêt, et j’ignore ce qu’elle est devenue.

Il achevait de parler, quand une demoiselle sortit du bois tout effrayée. Elle tenait dans ses mains les longues tresses coupées de ses blonds cheveux ; un chevalier armé, mais à pied, la suivait de près : « Sire chevalier, crie-t-elle au duc, secourez-moi de grâce ! » Le duc s’élance entre elle et le chevalier qui ne l’attend pas et cherche un refuge dans l’épaisseur des bois. « Vengez-moi de ce traître, répétait la demoiselle : il m’a déshonorée de mes tresses et sans vous il m’eût honnie de mon corps. » Le duc pique des deux dans le bois et joint le chevalier comme il venait de retrouver son cheval. Tout en laçant son heaume, l’inconnu demande froidement à Galeschin ce qu’il veut de lui. « Vous traiter comme le mérite tout homme qui insulte dame ou demoiselle. — Beau sire, vous êtes à cheval et je suis à pied ; vous n’aurez pas