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aventures de galeschin.

d’honneur à me vaincre si vous ne me donnez le temps de remonter. — Choisissez donc : montez, ou je descendrai. — Je monterai. Mais enfin que me voulez-vous ? — Je veux te châtier pour avoir, dans un pareil jour veille de Pentecoste, outragé cette demoiselle. — Je ne l’ai pas même couchée sur l’herbe. Au reste, je vous attends, car je n’en craindrais pas deux comme vous. » Alors le duc broche son cheval : le choc fut rude, l’inconnu était le plus grand des deux. Les écus sont traversés, le fer s’arrête sur les hauberts mais le duc, plus adroit et plus exercé, jette son adversaire dans une mare fangeuse, sous le ventre de son cheval. Par malheur, en passant outre le cheval du duc heurte l’autre et s’affaisse. Le duc quitte les étriers, franchit la mare, revient l’épée levée sur son adversaire qu’il aide d’abord à se dégager. Puis, cela fait, il lui arrache le heaume et fait mine de lui trancher la tête. « Ayez merci de moi ! dit en gémissant l’inconnu. — Je l’aurai tel qu’il plaira à la demoiselle. — Hélas ! je l’ai trop maltraitée ; je lui offre l’amende qu’elle voudra. » Le duc revenant à la demoiselle : « Que voulez-vous que je fasse de cet homme ? — Vous voyez mes tresses coupées ; jugez ce qu’un tel affront mérite. — Vous a-t-il fait autre honte ? — Non, grâce à Dieu et à vous ; mais il n’a pas dé-