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lancelot du lac.

à faire tomber à terre Lancelot entre les deux chevaux : mais notre chevalier n’a pas lâché le bras gauche et, grâce à cet appui, il remonte, non plus sur son cheval mais sur l’autre croupe, où il se maintient en passant les bras autour des flancs de Karadoc. Ainsi le cheval les emporte tous deux au delà des trois portes d’enceinte, sans que Lancelot ait à craindre les chevaliers qui les gardaient ; car ils avaient tous couru sur les premières murailles pour les défendre contre l’armée d’Artus.

Arrivés à l’entrée de ta Tour douloureuse, le géant, ne pouvant se délivrer de l’étreinte de Lancelot, fait un grand mouvement et tombe avec lui sur la grève. Ils sont tous deux meurtris, mais Karadoc plus encore que Lancelot, en raison de sa pesanteur. Ils restent d’abord étourdis de la chute : Lancelot se relève le premier ; quand il a dressé son épée, il trouve le géant déjà préparé à le recevoir. Karadoc n’a plus son écu, il soutient pourtant l’attaque sans trop de désavantage. Les deux hauberts sont démaillés, les deux heaumes sont fendus, entr’ouverts, inondés de sang ; et cependant ils ne semblent pas découragés ni disposés à demander merci.

Nous avons déjà parlé de la demoiselle que Karadoc avait enlevée à un chevalier qu’elle aimait et qu’il avait mis à mort. Elle en con-