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lancelot et karadoc.

servait un furieux ressentiment, mais le géant avait conçu pour la pucelle une passion tellement aveugle qu’il ne pouvait plus rien lui cacher de ce qu’il aurait eu le plus grand intérêt de tenir secret. Or, sa mère, la vieille magicienne, avait conjuré pour lui une épée qui devait seule avoir la vertu de lui donner le coup mortel ; et, pour son malheur, Karadoc en avait confié la garde à la discrétion de sa plus cruelle ennemie. D’une fenêtre de la tour, la pucelle suivait avec intérêt la lutte terrible de Karadoc contre celui qu’elle croyait le duc de Clarence. Le géant, tout affaibli qu’il était, cherchait à saisir son adversaire pour l’étouffer entre ses bras ; mais Lancelot devinait son intention et se gardait bien de lui donner prise. Enfin, non moins accablé de lassitude, il avait laissé le géant approcher des degrés de la tour et ramper sur le dos pour arriver aux dernières marches. En le voyant prêt de rentrer dans la tour, Lancelot veut lui asséner un dernier coup d’épée mais la lame tourne, va frapper la pierre du degré et vole en éclats. Heureusement, Karadoc n’avait plus la force de profiter de cet accident. Pour la demoiselle, effrayée du danger que courait celui pour lequel elle faisait des vœux, elle va chercher l’épée fée, la fait briller aux yeux de Lancelot, et quand elle est bien certaine d’avoir été comprise, elle la dépose sur