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Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/308

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112 a — 112 d
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Forme qatal (parfait)

Remarque. Par contre, le verbe statif יָכֹל § 75 i est traité comme un actif[1], peut-être à cause de l’évolution sémantique (passage du sens ê. capable au sens pouvoir conçu comme actif). Ainsi, pour il peut on dit יוּכַל p. ex. Gn 44, 22.

b Comme le qatal des verbes actifs § c (et peut-être à leur analogie), le qatal des verbes statifs s’emploie aussi pour la sphère du passé. Dans cette sphère le sens premier est celui de notre imparfait (présent du passé), p. ex. כָּבֵד il était lourd ; viennent ensuite tous les sens que peut avoir le qatal actif : il devint lourd, il fut lourd etc. Ainsi אָהֵ֑ב, outre le sens il aime Gn 27, 9, a le sens il aimait v. 14 ; il aima 2 S 12, 24 ; — גָּדַל il était grand Job 2, 13 ; il devint grand Gn 26, 13 ; il était devenu grand 38, 14.

c B) Verbes actifs. Le qatal des verbes d’action s’emploie surtout pour la sphère du passé, dans certains cas spéciaux pour le présent, parfois même pour le futur.

Dans la sphère du passé le qatal s’emploie pour une action unique ou instantanée, laquelle est antérieure de peu (passé récent) ou de beaucoup (passé éloigné) au moment présent ou à un moment passé.

Passé récent : מֶה עָשִׂ֫יתָ qu’as-tu fait ? Gn 4, 10 ; לֹא צָחַ֫קְתִּי je n’ai pas ri Gn 18, 15 ; et très souvent.

Passé éloigné : בָּרָא il créa Gn 1, 1 ; קָרָא il appela v. 5 ; et très souvent dans le récit des événements passés (parfait historique).

Passé antérieur à un moment passé (= plus-que-parfait) : גְּנָבָ֫תַם « Jacob ne savait pas que Rachel les avait dérobés » Gn 31, 32 ; לָֽקְחָה elle avait pris v. 34 ; et souvent. L’hébreu n’a que ce moyen, assez imparfait, pour exprimer une action antérieure à un moment passé (cf. § 118 d).

d Quant à l’aspect, l’action est unique ou instantanée[2]. L’unicité de l’action peut et parfois doit être soulignée dans nos langues. Ainsi לֹא־נִֽהְיְתָה כָּזֹאת Jug 19, 30 signifie : « une pareille chose ne s’est pas faite (même) une fois, ne s’est jamais faite » (Vulg. nunquam) ; מִי שָׁמַע כָּזֹאת Is 66, 8 « qui a jamais entendu ? » (Vulg. unquam) ; לֹא נָשׂוֹג

    mais parfois même aux temps finis : Nb 14, 32 יִפְּלוּ jacebunt (Vulg.) ; 1 S 19, 24 וַיִּפֹּל et il resta gisant ; Éz 29, 5 ; notamment avec חָלָל blessé à mort, victime : Jér 51, 47 ; Éz 6, 7 ; 28, 23 (l. וְנָפַל) ; cf. § e, Gn 4, 6.

  1. Exemple topique Gn 48, 10 : יוּכַל après le parfait statif כָּֽבְדוּ.
  2. Autrement, il faut le yiqtol § 113 e.