Aller au contenu

Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113 be
302
Forme yiqtol (futur)

que vous aurez écouté ; Jug 6, 26 « avec le bois de l’Ashéra que tu auras coupé » ; Job 40, 14 « ta droite t’aura donné la victoire ». Voir aussi les exemples cités § 112 i.

c Présent. Le yiqtol s’emploie avec une valeur temporelle et une valeur d’aspect : action répétée ou durative[1].

1) Action répétée : Dt 1, 44 « Ils vous poursuivirent comme font les abeilles כַּֽאֲשֶׁר תַּֽעֲשֶׂ֫ינָה הַדְּבֹרִים » ; Gn 32, 33 « les Israélites ne mangent pas le nerf sciatique לֹא יֹֽאכְלוּ » ; Jug 11, 40 תֵּלַ֫כְנָה « elles vont annuellement » ; 1 S 2, 8 יָרִים il relève (après un qōtel du présent fréquentatif). Le yiqtol est la forme usuelle pour les vérités d’expérience[2] : Ex 23, 8 « le cadeau rend aveugles les hommes clairvoyants יְעַוֵּר » ; Pr 15, 20 « un fils sage réjouit son père יְשַׂמַּח » ; Is 32, 6[3].

d 2) Action durative : Gn 37, 15 מַה־תְּבַקֵּשׁ Que cherches-tu ?[4] ; 24, 31 « Pourquoi restes-tu dehors ? תַּֽעֲמֹד » ; 1 S 1, 8 « Pourquoi pleures-tu ? תִּבְכִּי » ; 11, 5 « Qu’ont donc les gens qu’ils pleurent ? יִבְכּוּ » ; 2 S 16, 9 « Pourquoi ce chien crevé insulte-t-il ? יְקַלֵּל ». Une action, en réalité terminée, est censée continuer jusqu’au moment de la question : Gn 32, 30 « Pourquoi demandes-tu mon nom ? תִּשְׁאַל »[5] ; 44, 7. Le yiqtol est particulièrement fréquent dans l’interrogation. En dehors de l’interrogation : Ps 121, 1 אֶשָּׂא je lève [comp. 123, 1 נָשָׂ֫אתִי j’ai levé (et je tiens levé) § 112 e] ; 142, 2 אֶזְעָ֑ק je crie.

e Passé. Dans la sphère du passé le yiqtol exprime seulement l’aspect : action répétée ou durative. La valeur temporelle de la forme

  1. Le qōtel (§ 121 h) a à peu près les mêmes valeurs ; il exprime plus expressément le présent et la nuance durative. Mais l’usage ne permet pas d’employer indifféremment les deux formes.
  2. Qōtel est assez rare dans cet emploi et qatal est rare (§ 112 d).
  3. L’hébreu n’a pas de verbe correspondant à solere, avoir coutume. Le yiqtol suffit à exprimer cette idée. La Vulgate accentue souvent la nuance fréquentative en ajoutant solere : Ex 33, 11 ; Nb 11, 12 ; Dt 1, 31 ; 28, 29. Opp. le procédé inverse exprimant l’unicité par nunquam, § 112 d.
  4. Le verbe chercher est, de par son sens, duratif § 111 d. Dans la réponse v. 16 on a le qōtel avec la même valeur : « Ce sont mes frères que je cherche ». L’addition du pronom, usuel dans les réponses, a amené le participe (cf. § 121 d).
  5. Comparer, en même situation, le participe שֹׁאֶ֫לֶת 1 R 2, 22, et le parfait דִּבַּ֫רְתָּ 1 S 9, 21.