Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/57

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Telles sont les difficultés qui sont inhérentes à l’essence même de la question des salaires ; il en est d’autres plus contingentes et propres au pays dans lequel nous écrivons. La France n’offre que très-peu de documents précis et officiels sur la situation de l’industrie et des ouvriers qu’elle emploie. Il s’en faut qu’elle soit aussi riche que l’Angleterre en statistiques et en enquêtes. Les renseignements où peut puiser le publiciste sont dans notre pays incomplets et insuffisants. Il est obligé de recourir aux informations particulières, c’est-à-dire à des données morcelées, approximatives, qui manquent à la fois de généralité et de précision. Grâce à l’initiative de l’Académie des sciences morales et politiques, trois enquêtes successives à différentes époques ont jeté du jour sur les questions de salaires ; mais, de ces trois enquêtes, la plus récente, celle de M. Louis Reybaud, a déjà près de dix ans de date. Il s’est fondé à Paris, il y a quelques années, une société ayant pour but d’étudier par la méthode de l’observation analytique la situation des classes laborieuses et de rassembler dans des monographies d’une scrupuleuse exactitude l’ensemble des faits qui affectent la condition matérielle, intellectuelle et morale des ouvriers. Un grand nombre de ces monographies ont jeté une vive clarté sur quelques détails de la vie et du sort des travailleurs de certains métiers et de certaines localités : mais il faudrait que le nombre de ces opuscules fût multiplié à l’infini et que, au lieu de les compter par dizaines, on les comptât par