Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/58

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milliers pour être autorisé à fonder des raisonnements généraux sur des faits aussi individuels. Quelques chambres de commerce, au premier rang celle de Paris, ont pris l’initiative de recherches plus générales et plus approfondies. Il serait à désirer que cet exemple fut universellement suivi, de manière à composer un tableau d’ensemble de l’état des salaires en France.

L’on voit combien l’évaluation du taux des salaires dans nos différentes industries et nos différentes provinces est sujette à incertitude. Aussi, quoiqu’ayant consulté, croyons-nous, tous les documents que la science ou l’administration ont rassemblés sur cette intéressante question, nous ferons provision de réserve et de prudence et ne nous aventurerons qu’avec précaution sur ce terrain qu’il est difficile de sonder. Les chiffres, en pareille matière, contiennent toujours une part irréductible d’erreur. Nous allons d’abord porter notre attention sur les salaires des femmes employées dans la grande industrie et, spécialement dans les industries textiles, la soie, le coton, la laine, le lin.

M. Jules Simon rapporte qu’une de ces ouvrières lyonnaises, que l’on appelle canuses, disait, il y a quelques années, devant une commission d’enquête, que la soie est le domaine des femmes et qu’elles y trouvent du travail depuis la feuille du murier, sur laquelle on élève le ver, jusqu’à l’atelier où l’on façonne la robe et le chapeau. Rien n’est plus juste que cette observation et elle l’est encore plus aujourd’hui qu’au