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Page:Paul Vibert - Pour lire en ballon, 1907.djvu/274

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des mouches ; j’ai voulu faire plus fort encore, et je viens de me livrer à l’étude patiente, raisonnée et tenace du langage des microbes, des infusoires et autres animaux microscopiques.

Quoique doué par la nature d’une oreille très fine. j’ai eu un moment de découragement et j’ai craint que la tâche ne fût au-dessus de mes forces.

Avec le microscope, je voyais bien les microbes, mais leur conversation m’échappait ; c’est là où m’est venue tout à coup une idée géniale — permettez-moi de le dire sans fausse modestie — avec un microphone de mon invention qui grossit les sous quarante sept milliards de fois, j’ai entendu le monde des infiniment petits, tout comme je le voyais, et je n’avais plus qu’à placer mon oreille sur l’instrument et mes yeux devant des bouillons de culture ou devant ma simple carafe pour étudier avec soin le langage des microbes. Là, j’ose le dire, j’ai su apporter des qualités de sagacité qui ne le cèdent en rien aux vôtres, lorsque vous étudiiez la langue des singes, chez les bons pères africains.

Voici donc le résultat de mes observations :

1° Les cris des microbes, grossis quarante sept milliards de fois, ressemblent beaucoup à ceux qui nous sont familiers des ânes, des canards, des chiens, des oiseaux, voire même des éléphants et des ophidiens.

2° Le langage change suivant les pays ; les microbes ont la voix plus douce en Italie et plus