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Page:Paul Vibert - Pour lire en ballon, 1907.djvu/34

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à serrer les voiles. Soudain, on entend des abois furieux, puis des hurlements déchirants. Qu’y a-t-il ? De la vergue de misaine on regarde. C’est Gabon qui aboye ainsi, et le voici qui se met à courir tout autour du pont, follement, sans s’arrêter, tournoyant sur lui-même.

« Gabon ! Gabon ! » crions-nous. Mais en vain, Gabon est devenu fou, frappé d’une insolation sans doute. Il escalade la dunette et d’un bond, franchissant le bastingage, il saute à l’eau. Gabon s’est noyé ! Il a probablement été dévoré de suite par les requins !

Comme il nous à manqué pendant une longue campagne qui dura encore huit mois ! C’était bien notre meilleur ami. »

Si j’ai tenu à rapporter ici cette histoire authentique, c’est qu’elle confirme celle du pauvre chien fou que je conte ici-même, un peu plus loin, qu’elle est la confirmation éclatante de l’avis des savants qui ont démontré que les animaux avaient le cerveau tout à fait conforme au nôtre, et, enfin, qu’elle est de nature à intéresser tout particulièrement mes petites nièces quand elles la liront, car, en effet, la République d’Haïti est le pays de ma femme.

Joli pays ensoleillé, aux paysages intertropicaux, aux lointains chauds et bleuâtres s’estompant dans les montagnes perdues à l’horizon, à la végétation luxuriante et qui, à tout prendre, quoique formant notre ancienne Saint-Domingue, rappelle, à s’y méprendre, le coteau enchanteur