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sitions sont dans Jansénius, son livre n’est pas si rare, ni si gros, que je ne le pusse lire tout entier pour m’en éclaircir, sans en consulter la Sorbonne. »

— Ne croyez pas, docteur, que mon grand cousin ni ses camarades entendent ces allusions.

— S’il est ainsi que vous me l’avez dit, je suis assuré qu’il entendra au moins ce qui suit :

« Il n’y eut jamais de jugement moins juridique, et tous les statuts de la Faculté de théologie y furent violés. On donna pour commissaires à M. Arnauld ses ennemis déclarés, et l’on n’eut égard ni à ses récusations ni à ses défenses ; on lui refusa même de venir en personne dire ses raisons. Quoique par les statuts les moines ne doivent pas se trouver dans les assemblées au nombre de plus de huit, il s’y en trouva toujours plus de quarante, et pour empêcher ceux de M. Arnauld [c’est-à-dire les amis, les partisans d’Arnauld] de dire tout ce qu’ils avaient préparé pour sa défense, le temps que chaque docteur devrait dire son avis fut limité à une demi-heure. On mit pour cela sur la table une clepsydre, c’est-à-dire une horloge de sable, qui était la mesure de ce temps ; invention non moins odieuse en de pareilles occasions que honteuse dans son origine, et qui, au rapport du cardinal Palavicin, ayant été proposée au concile de Trente par quelques-uns, fut rejetée par tout le concile. Enfin, dans le dessein d’ôter entièrement la liberté des suffrages, le chancelier Séguier, malgré son grand âge et ses incommodités, eut ordre d’assister à toutes ces assemblées.

Près de quatre-vingts des plus célèbres docteurs, voyant une procédure si irrégulière, résolurent de s’ab-