Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Groupe d’études sociales d’Orléans, adhérent au Parti ouvrier français. Un vote régulier du groupe, auquel mon cousin avait pris part, m’avait institué délégué de ce groupe au futur ancien Congrès général des Organisations Socialistes Françaises. Heureusement que le Conseil national veillait. Survint le bon guesdiste, le fidèle dûment recommandé. Le groupe eut une seconde réunion, beaucoup plus régulière que la première, procéda ensuite à un second vote, beaucoup plus régulier que le premier. La minorité me demeura fidèle. Mais la majorité me renia. Mon cousin, ayant été de la minorité, prétend que je fus moralement son délégué au Congrès.

— Je ne sais pas bien ce que c’est qu’un délégué moral.

— Moi non plus. Mais mon cousin est entêté. Il nous dira ce qu’il veut dire.

— Et de combien était cette minorité fidèle ?

— Quoique absent, j’obtins quatre voix.

— Avouez que c’est bien peu. La majorité infidèle était sans doute au moins égale à cinq voix ?

— Égale à cinq voix, docteur, elle eût été valable. Mais elle était beaucoup plus considérable : elle montait jusqu’à six voix — sur dix votants. Il n’y eut aucune abstention. — Au revoir.

Le docteur en allé revint sur ses pas :

— J’allais vous laisser le livre que j’avais apporté. Je n’y pensais plus. Il faut que je le rende avant les vacances de Pâques à la bibliothèque où je l’ai emprunté. Ce sont les Provinciales. Quand votre cousin vous demandera compte, vous pourrez lui faire quelques citations intéressantes :

« Et si la curiosité me prenait de savoir si ces propo-