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ironique plus douloureusement encore cette année. M. Boutroux, rue Saint-Jacques, 260, préside à l’organisation du congrès de Philosophie. As-tu quelque idée de ce que c’est : un congrès de philosophie.

— Je n’en ai aucune image intéressante.

— Il y a dans Descartes, au discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, à la fin de la troisième partie, un passage où ce philosophe réprouve non seulement le congrès, mais la simple fréquentation mutuelle des philosophes :

— Le voici :

— « Mais ayant le cœur assez bon pour ne vouloir point qu’on me prît pour autre chose que je n’étais, je pensai qu’il fallait que je tâchasse par tous les moyens à me rendre digne de la réputation qu’on me donnait ; et il y a justement huit ans que ce désir me fit résoudre à m’éloigner de tous les lieux où je pouvais avoir des connaissances, et à me retirer ici, — en Hollande — en un pays où la longue durée de la guerre a fait établir de tels ordres, que les armées qu’on y entretient ne semblent servir qu’à faire qu’on y jouisse des fruits de la paix avec d’autant plus de sûreté, et où, parmi la foule d’un grand peuple fort actif, et plus soigneux de ses propres affaires que curieux de celles d’autrui, sans manquer d’aucune des commodités qui sont dans les villes les plus fréquentées, j’ai pu vivre aussi solitaire et retiré que dans les déserts les plus écartés. »

— Je lis au cours de la sixième partie :

« Mais je crois être d’autant plus obligé à ménager le temps qui me reste, que j’ai plus d’espérance de le