Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/212

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pouvoir bien employer ; et j’aurais sans doute plusieurs occasions de le perdre si je publiais les fondements de ma physique ; car encore qu’ils soient presque tous si évidents qu’il ne faut que les entendre pour les croire, et qu’il n’y en ait aucun dont je ne pense pouvoir donner des démonstrations, toutefois, à cause qu’il est impossible qu’ils soient accordants avec toutes les diverses opinions des autres hommes, je prévois que je serais souvent diverti par les oppositions qu’ils feraient naître. »

— À la suite :

« On peut dire que ces oppositions seraient utiles tant afin de me faire connaître mes fautes, qu’afin que, si j’avais quelque chose de bon, les autres en eussent par ce moyen plus d’intelligence ; et, comme plusieurs peuvent plus voir qu’un homme seul, que, commençant dès maintenant à s’en servir, ils m’aidassent aussi de leurs inventions. »

Cela serait favorable, sinon au congrès, du moins au commerce des philosophes, au travail en commun, à la mutualité.

« Mais encore que je me reconnaisse extrêmement sujet à faillir, et que je ne me fie quasi jamais aux premières pensées qui me viennent, toutefois l’expérience que j’ai des objections qu’on me peut faire m’empêche d’en espérer aucun profit : car j’ai déjà souvent éprouvé les jugements tant de ceux que j’ai tenus pour mes amis que de quelques autres à qui je pensais être indifférent, et même aussi de quelques-uns dont je savais que la malignité et l’envie tâcheraient assez à découvrir ce que l’affection cacherait à