Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/350

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vous connais bien. Il parlait le samedi, quand on se réunissait, — quand le Groupe se réunissait. On se réunissait le samedi parce que c’est le jour de la paye —

— Chez un marchand de vin ?

— Bien sûr, un marchand de vin qui avait la bonté de nous donner tous les samedis sa grande salle sans nous demander seulement un centime. On se réunissait aussi le samedi parce qu’on pouvait rester longtemps le soir. Le lendemain matin, on restait au lit. Le dimanche on pouvait faire la grasse matinée.

— On avait le droit de consommer, chez le marchand de vin ?

— Oui, on consommait.

— Combien ?

— Ça dépend, trois francs, cent sous. Quelquefois plus.

— En combien ?

— Ça dépend, huit, dix, douze, quinze personnes.

— Sur combien ?

— Je ne sais pas. On a été cinquante, soixante inscrits. Il y en a qui disent quatre-vingts. Mais ils ne payaient pas leurs cotisations. Mais on ne les rayait pas. Il faut que le groupe soit important.

— Sur combien d’habitants, dans la ville ?

— Cinquante et quelques mille, en comptant les faubourgs. Mais il y a aussi le comité ouvrier républicain socialiste, qui est plus nombreux. En tout ça fait deux ou trois pour mille.

— Et quand il y avait réunion, est-ce qu’on faisait des quêtes ?

— Faut bien. Dans une casquette. Pour les grévistes.