Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/215

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s’il ne s’était pas fondé sur nos propres, sur nos lentes fondations, s’il n’avait pas profité, abusé de nos grandes préparations. Nos adversaires feraient bien, ils auraient le droit, et même le devoir, ils auraient raison de nommer Hervé le parti de l’étranger. Ils ne le font généralement point, pour des raisons fort honorables, comme de respecter un prisonnier, et aussi pour un fort honorable compagnonnage de prison, pour avoir été en prison ensemble, pour d’autres aussi qui le sont peut-être moins, comme par une sorte de sympathie de trouble, une secrète amitié de désordre, une secrète complaisance de démagogie. Une complaisance à l’opposition, quelle qu’elle soit, quand même elle est au fond encore plus une opposition à eux-mêmes ; une complaisance à tout ce qui trouble un régime détesté. À tout ce qui embête un gouvernement haï. Alors ils se rattrapent, de cette indulgence et de ce compagnonnage et de cette sympathie et de cette complaisance en nous nommant, nous, le parti de l’étranger. C’est une sorte de virement. C’est aussi le même report. On reporte sur nous fondateurs la trahison de Hervé profiteur. On reporte sur nous antécédents la trahison de Hervé suivant, de Hervé successeur. C’est un transfert. On reporte sur nous fondateurs la trahison de Hervé parasite. L’attention que l’on préfère ne point accorder à Hervé, on nous l’accorde à nous généreusement. Seulement, passant de Hervé à nous son contraire elle change de signe. Puisqu’elle passe au contraire gardant le même signe. Alors que, passant au contraire, elle devrait prendre le signe contraire. Il faut donc que par une opération intérieure, purement arbitraire, elle change de signe. On la fasse arbitrairement changer de