Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/216

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signe. Le grief que l’on devrait faire à Hervé, c’est précisément celui-là que l’on nous fait à nous son contraire.

Ils commettent une erreur non pas seulement du même ordre, mais de la même tribu, de la même gens, une erreur voisine, alliée, une erreur apparentée, une erreur de la même famille quand ils attribuent, quand ils nous représentent l’affaire Dreyfus comme montée par le parti juif. Il ne faudrait pas beaucoup me pousser pour me faire déclarer ce que je pense, que l’affaire Dreyfus, dans la mesure où elle fut montée, fut montée contre le parti juif. De toutes les résistances que Bernard-Lazare eut à refouler, pour commencer, dans le principe, les premières furent naturellement les résistances juives, puisque c’étaient celles de son propre milieu. Mais elles ne furent pas seulement les premières, elles furent aussi les plus énergiques peut-être. Les plus profondes, je crois. Sans doute les plus agissantes. Et ensuite ceux qui lui pardonnèrent le moins ce furent encore les Juifs. J’entends les politiciens juifs, le parti (politique) juif. De même que du côté intellectuel, dans le camp, dans le clan intellectuel, même dans le clan universitaire cette affaire Dreyfus fut commencée, fut engagée par quelques forcenés contre la résistance, contre la réprobation du parti, contre les résistances sourdes ou avouées, contre le silence et la peur et l’activité politique du parti. Le parti (politique) intellectuel ne s’y