Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/377

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la transmigration de Babylone faisant époque. C’est une filiation, il commence tout tranquillement à l’origine et suit, et descend l’ordre du temps. Il commence au commencement, suit l’ordre, finit à la fin, aboutit à l’aboutissement, atteint au couronnement, s’achève lui-même à l’achèvement. Nous suivons avec lui cette pente, cette ligne verticale, cette génération si simplement, si linéairement descendante. Mais c’est une génération charnelle chrétienne. Ce Matthieu était chrétien. C’est-à-dire une génération charnelle spirituelle ; charnelle d’élection ; temporelle éternelle.



Luc fait au contraire une extraction. Au contraire, je veux dire qu’il marche, qu’il va dans le sens contraire. L’un procède, l’autre recède. Se plaçant à Jésus, et même à Jésus âgé, commençant comme de trente ans, il fait une remontée verticale, comme encore plus linéaire, une remontée de race, une remontée d’extraction de filiation charnelle. Partant de Jésus, il va rechercher Jésus la race temporelle de Jésus, jusque dans le premier Adam, l’Adam de chair. Il remonte le temps. Il remonte la race temporelle. Il effectue comme une recherche, une requête, une remontée charnelle verticale :

Et ipse Jesus erat incipiens quasi annorum triginta ; ut putabatur, filius Joseph, qui fuit Heli, qui fuit Mathat,

Qui fuit Levi, qui fuit Melchi, qui fuit Janne, qui fuit Joseph,