Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/463

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-nous pas, si ce fut l’art de Corneille, et s’il est vrai qu’un grand artiste, un grand écrivain ne méprise pas, ne néglige pas les conditions, organiques, et le métier de son art, mais leur donne au contraire la plus grande considération) ; d’une liaison intérieure tout à fait indissoluble. On nous pardonnera sur ce que ceci ne sont que des notes. Ce qui fait la grandeur de cette prière et de cette intercession, ce qui en fait la reculée, et en même temps l’exactitude, la sévère, la dure exactitude, c’est qu’au premier plan elle est d’abord littéralement une prière ordinaire, une prière de la terre, une prière d’homme, comme nous pouvons, comme nous en devons tous faire, la prière d’un mari chrétien pour sa femme infidèle. Et ensemble au deuxième plan, au deuxième degré c’est dedans, c’est déjà une prière de l’intercession proprement dite. Par une secrète, par une ardente anticipation intérieure, par une secrète prise de possession antérieure de ses palmes, humble, chrétienne, secrète, mais si évidente, pour tous, pour lui-même, par une secrète prise de commandement antérieure, par une secrète saisie antérieure de sa future, de sa prochaine autorité de béatitude il parle, il prie déjà pour sa femme comme un martyr dans le ciel prie pour sa femme qui est restée sur terre. Comme tous ceux qui sont partis, comme tous ceux qui sont arrivés prient pour tous ceux qui sont restés. Voilà ce qui donne à cette prière son plein, cette plénitude, cette avance, tant d’exactitude, une totale exactitude et ensemble cette éternelle avancée. C’est déjà, c’est dedans, c’est d’avance une prière, une intercession rituelle. C’est l’office de saint Polyeucte. C’est déjà l’Église triomphante. Comme toute l’Église triomphante prie pour