Page:Peguy oeuvres completes 09.djvu/68

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Nous les supposerons également de bonne foi. Non par vertu, mais par bonne foi. Ils commencent donc par mettre dans le même sac les bergsoniens et les antibergsoniens. Et ce n’est pas un sac de valeurs. je vous prie de le croire. Cette opération faite, ils se retrouvent, ils se trouvent ce qu’ils sont. L’un est (en philosophie) un critique acharné de sévérité absolue. L’autre est un bon chrétien. Il est même plus bon chrétien qu’il ne voudrait. Je veux dire que ça lui coûte plus cher qu’il ne voudrait, d’être bon chrétien. Celui qui n’est pas chrétien est beaucoup plus fort en mathématiques. Celui qui est chrétien est malheureusement devenu très fort en beaucoup de choses qui ne sont pas en iquea. Celui qui n’es ! pas chrétien est animé contre Bergson d’une véritable animosité personnelle, inépuisable. L’autre essaie vainement de l’en guérir. Et ne s’en console pas. L’autre, (le bergsonien), a constamment l’impression, et le dit ‘a l’autre, (à Pantibergsonien), qui le sait, et qui le dit, qu’un homme manque à leur entretien, qu’il y faudrait un homme qui viendrait en tiers, et que cet homme est précisément Bergson. Lui seul préside en pensée à leur entretien. Lui seul saurait mesurer le jeu. (Ce jeu grave). Lui seul saurait évaluer, lui seul sauraitgoûterct. lui seul saurait apprécier. Lui seul saurait se réjouir de telle déliaison, entrer dans telle vue, pénétrer dans telle profondeur. Il manque, et on ne parlera que de lui.

On voudrait assez qu’il fût le juge du camp. Qui le voudrait. L’un ; et peut-être encore plus l’autre. Le partisan peut à la rigueur se passer de la présence du patron. Quoi de plus doux pour l’adversaire en pensée