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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/27

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ce nouveau rôle qu’il a été appelé à déployer les grandes qualités qui l’ont placé, en si peu de temps, au premier rang parmi nos hommes d’Etat Canadiens-français. Dans le cours de ces trois années, il a montré successivement, ce que peut tenter pour le relèvement de son parti un chef habile et vaillant, appuyé sur une petite phalange disciplinée et fidèle, et ce qu’il peut accomplir, le jour où les circonstances lui ont mis en main une grande cause populaire à défendre et à faire triompher.

Dans la première partie de sa tâche, on peut dire que M. Mercier a soutenu une lutte héroïque. Avec une minorité réduite à quinze membres, il a tenu en échec trois gouvernements ; et s’il n’est point parvenu à vaincre les deux premiers par un vote, il les a du moins réduits à la fuite. M. Chapleau et M. Mousseau ont dû, l’un après l’autre, renoncer au combat et se reconnaître trop gravement atteints pour supporter plus longtemps les coups de ce rude adversaire.

Le lecteur n’attend pas de nous que nous retracions ici, les différentes phases de la mémorable campagne qui a précédé et suivi l’exécution de Riel. Tous ces faits sont encore présents à la mémoire de tous. Chacun se rappelle l’anxiété, la consternation, la stupeur qui saisirent le peuple canadien-français, lorsqu’après avoir espéré longtemps contre toute espérance, il apprit enfin que l’échafaud venait de se dresser à Régina. D’un bout à l’autre de la Province, ce fut une explosion spontanée de douleur et de colère.

Chacun sentit que la race canadienne-française avait reçu une blessure et une insulte ; et il sembla, un instant, que tous les partis dussent abdiquer et se confondre dans la douleur commune. Hélas ! la servilité de quelques politiciens en a décidé autrement ; et pendant plus d’un an, il nous a fallu assister à ce douloureux contraste d’un peuple unanime dans sa réprobation, pendant que ses mandataires élus et la plus grande partie des organes de la presse continuaient à vendre leur complicité à l’ennemi de notre race et à conspirer avec lui contre leur pays.

Dès avant le 16 novembre, M. Mercier avait été prêt à s’effacer devant un chef conservateur, si cela était nécessaire pour que la protestation de la province fût unanime et pour que tous les dis-