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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/28

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sentiments politiques fussent oubliés, devant la nécessité de la défense commune. Mais, quand il fut établi que, parmi les chefs soi-disant conservateurs, on chercherait vainement l’âme d’un patriote, alors M. Mercier ne songea plus qu’à venger l’honneur du pays.

On l’a vu parcourir la province, pénétrer jusque dans les comtés, où depuis de longues années aucune parole indépendante n’avait été entendue, prendre la parole, en 1885 et en 1886, dans plus de cent soixante assemblées publiques, diriger partout la lutte, pacifier les différends, réveiller, quand il était besoin, les courages endormis, tenir pendant plus de douze mois tout un peuple en haleine, jusqu’au jour où son indignation serait appelée à se manifester légalement par un vote réparateur.

Les ennemis politiques de M. Mercier, il faut leur rendre cette justice, ne se sont jamais mépris sur la redoutable valeur de l’adversaire qu’ils avaient en face d’eux. Aussi, n’est-il point d’artifices ni de calomnies auxquels ils n’aient eu recours, pour tenter de détruire sa réputation ou de compromettre son caractère. Les éternels menteurs, qui ont érigé la fraude en système de gouvernement et qui disposaient, grâce au patronage des journaux, d’une dangereuse et abondante publicité, n’ont reculé devant rien pour perdre M. Mercier dans l’esprit du peuple. Ce politique modéré et conciliant, trop conciliant au dire de quelques uns de ses amis, qui dès le commencement de sa carrière, a adopté pour programme d’élargir son parti, a été représenté, comme le fougueux apôtre d’on ne sait quel radicalisme avancé, dont il n’existe point de représentant, dans notre pays.

Ce catholique convaincu a été signalé par les alliés de l’orangisme comme un dangereux ennemi de la religion. Cet homme d’État, auquel il n’eût fallu qu’un peu de faiblesse pour conquérir, depuis dix ans, des places et des honneurs et qui a préféré s’attacher à un parti vaincu a été dénoncé comme un ambitieux vulgaire, par ceux là même qui s’enrichissaient chaque jour de leurs trahisons ou de leur apostasie. Cet avocat de premier ordre, deux fois bâtonnier, et tout récemment élu bâtonnier général par un vote unanime, a sacrifié à la cause politique qu’il avait embrassée les bénéfices d’une carrière lucrative. Il a dévoué au