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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/41

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Voilà, Monsieur, ce que promettait alors l’illustre homme d’état qui représente avec tant d’éclat les Canadiens-français dans le ministère fédéral ; qui joue sur les banquettes ministérielles un rôle si important et déploie dans les conseils de la nation une éloquence si brillante que la Province de Québec est souvent portée à oublier qu’elle est représentée dans le gouvernement de la Puissance. Comparons ce langage de 1865 avec celui de 1873. Alors l’honorable ministre avait tout prévu, aujourd’hui il a tout oublié, dans ce fameux acte de confédération ; alors tous les intérêts étaient protégés, aujourd’hui ils sont tous sacrifiés ; alors l’acte d’Union était un remède infaillible à tous les maux de la religion et de la patrie, et aujourd’hui cet acte admirable devient le tombeau des espérances de l’une et de l’autre. Qu’il me soit permis de le dire, M. l’Orateur, de le dire hautement, en présence de cette assemblée des députés de toutes les provinces : en 1865 l’honorable ministre trahissait son pays, en 1872 il trahissait sa religion ; et ce soir il fait l’aveu de son crime. Qu’a-t-il fait de ces cent mille catholiques des provinces-sœurs dont, avec tant de générosité, il se proclamait alors le sauveur. Il les a vendus pour conserver le pouvoir ! et aujourd’hui il les livre, faibles et sans protection, au fanatisme de la majorité protestante dans le Nouveau-Brunswick, afin que cette majorité maintienne à la tête du pays un gouvernement repoussé par l’opinion publique.

En jetant nos regards en arrière, nous trouvons que les honorables députés de Napierville et de Lotbinière exprimant, dans l’ancien parlement du Canada, les craintes bien justes et bien fondées qu’ils entretenaient sur le sort des minorités dans cette Confédération que les ministres d’alors étaient si empressés à imposer au pays, étaient dénoncés comme des prophètes de malheur par l’Hon. Ministre des Travaux Publics. Ce dernier prétendait que leurs appréhensions étaient chimériques et ridicules il allait jusqu’à leur nier le droit d’intervenir dans une pareille question, jusqu’à leur refuser le privilège de défendre les intérêts de la religion et de la nationalité. «Nous n’avons pas eu besoin disait alors l’Hon. Ministre, des honorables députés d’Hochelaga (M. Dorion) et Lotbinière (M. Joly) pour protéger les minorités dans la Confédération ; nous avons été les premiers à réclamer