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geaient alors les faits pour innocenter la répression. Quand nous citerons des extraits de feuilles de cette époque, il pourra tenir compte de cette partialité et deviner ce qu’il faut ajouter aux récits pour se faire une idée exacte des faits.


XIV

LE Ve ARRONDISSEMENT

Le massacre fut épouvantable dans le Ve arrondissement.

À la mairie, on tua tout ce qu’on trouva. « Il avait là, m’écrit un négociant du quartier, des enfants de 12, 13, 14 ans qu’on employait comme estafettes pour porter des lettres. On fusilla tout, hommes, enfants, tant dans la cour de la mairie que dans celle de l’école des frères. »

Dans le corridor du magasin de nouveauté, à côté, il y avait dix-neuf cadavres.

Au grand Hôtel Soufflot, rue Toullier, s’étaient réfugiés deux fédérés. Un seul avait encore un fusil. Il y avait aussi un blessé. La troupe s’en empara, leur dit de s’en aller, de tourner à droite par la rue Cujas, puis les tira par derrière comme ils s’en allaient. Les soldats, fatigués de coller leurs victimes au mur, tuèrent beaucoup de gens de la sorte. Beaucoup de témoins m’ont attesté des faits semblables. Le docteur Dubois, conseiller municipal, a soigné un malheureux, qui, fusillé ainsi rue de Vaugirard, et mal atteint, put être rappelé à la vie.

Quant au blessé de l’Hôtel Soufflot, qui râlait, sur les prières des personnes de l’hôtel, on voulut bien aller le fusiller plus loin.