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» Peu d’instants après, les habitants paisibles, étant revenus de leur terreur, prévinrent les soldats que l’église, loin de contenir des malades, était au contraire encombrée d’insurgés.

» On trouva dans Saint-Sulpice environ 400 insurgés en chemise, couchés et simulant d’être blessés. Ils furent tous passés par les armes en compagnie du faux chirurgien. »

On lit dans le Soir du 29 mai :

« À Saint-Sulpice, quand les troupes sont arrivées, elles se sont trouvées devant un chirurgien-major qui leur a dit : « Ne troublez pas les malheureux qui sont là, ce sont des blessés qu’à défaut de lits aux ambulances nous soignons ici. » Les soldats se sont retirés discrètement ; mais les voisins les ont informés que ces blessés étaient des insurgés bien portants, lesquels allaient reprendre les armes et tirer sur eux. La troupe a sur-le-champ envahi l’église, constaté que les hommes alités n’avaient aucune blessure, et se préparaient à sauter sur leurs fusils, les a entraînés sur la place Saint-Sulpice. »

On lit enfin dans le Petit Moniteur du 30 mai :

« Une autre ambulance avait été installée à l’église Saint-Sulpice : on y a trouvé 400 fédérés déguisés. »

Ainsi se forme la légende :

Un premier récit transforme les blessés du séminaire en fédérés jouant les malades. — Un second récit transporte la scène à l’église. — On finit par supprimer la tuerie : et c’est ainsi que par gradations successives, les blessés odieusement massacrés dans l’ambulance du séminaire Saint-Sulpice, se changent en fédérés embusqués dans l’église voisine, et qu’on se contente de faire prisonniers.

Le lecteur voit de quelle façon les journaux arran-