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autres par M. Sauchet et M. Bargeon. Ces quatre petits locataires, le concierge et sa femme furent tous les six dénoncés et arrêtés du 26 au 28 mars. M. Lancaster a été fusillé au Châtelet. L’avocat de M. le marquis de Forbin-Janson a reconnu qu’il avait demandé par lettre, au général Berthaut, l’arrestation des cinq autres ! Il n’essayait de nier que pour M. Lancaster.

Le journal les Débats a eu communication du chiffre des dénonciations classées à la préfecture de police, du 22 mai au 13 juin. En trois semaines, il y eut trois cent soixante-dix-neuf mille huit cent vingt-huit dénonciations (Les Débats cités par M. L. Fiaux, Histoire de la guerre civile). Tel citoyen, acquitté par les conseils de guerre, avait été dénoncé dix-sept fois[1] ! Il faisait bon, alors, se débarrasser de ses ennemis.

En outre la troupe fouillait elle-même les maisons, sans attendre les délations. Le Journal de Paris du 30 mai décrit le procédé employé. D’abord la troupe entre l’œil au guet, le doigt sur la détente, dans la rue qu’elle est chargée de visiter. On avertit les concierges de faire descendre toutes les armes à feu. Quelques heures après arrive un peloton qui ne monte que dans les maisons signalées. Le lendemain, nouvelle perquisition faite d’après les interrogatoires des prisonniers.

Il semble qu’il y ait eu, dans chaque quartier, une organisation sommaire de la terreur. Cette organisation n’était pas bien régulière ; à ces époques troublées, le pouvoir est aux plus violents. On m’a raconté l’installation de l’autorité à la mairie du VIIIe arrondissement. Un jeune homme, fils d’un député appartenant à

  1. On verra plus loin, au chapitre du Châtelet, l’exemple d’un négociant dénoncé six fois de suite par un concurrent comme membre à la Commune.