Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/116

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l’opinion républicaine modérée, M. J.., vint s’installer là avec une délégation de M. Barthélémy Saint-Hilaire : assurément, il aurait empêché les excès dans la mesure de son pouvoir. Mais il fut fort mal reçu et assez vite mis à la porte par deux meneurs de la répression à outrance, dont un baron commandant un des anciens bataillons de la garde nationale.

Des listes de suspects étaient-elles dressées d’avance, par quartier ? Certains faits qu’on m’a indiqués sembleraient l’établir. M. le docteur G… fit intercéder un « conservateur » influent pour un ami, qui lui répondit : « Je réussirai peut-être ; cela dépend de la façon dont il est porté sur la liste. »

Je ne serais pas étonné qu’il y ait eu de pareilles listes : la garde nationale de l’ordre avait son état-major à Versailles ; cet état-major était mêlé activement à toutes les petites conspirations qui donnèrent lieu à tant de promesses et qui eurent si peu d’effet. Or, partout, les officiers de la garde nationale de l’ordre sont activèrent mêlés aux exécutions ; nous avons vu le Times signaler leur rôle ; c’est l’un d’eux qui s’installe à la mairie du VIIIe arrondissement ; et la cour martiale qui versa le plus de sang, celle du Châtelet, était présidée par un lieutenant-colonel de la garde nationale.

Quelques-uns de ces messieurs jouèrent parfois un rôle assez difficile à définir.

Je citerai M. le baron de Montant. M. de Montant était sous la Commune chef d’état-major fédéré dans le VIIe arrondissement ; mais il avait en poche deux laissez-passer : l’un de M. Barthélémy Saint-Hilaire, l’autre du maréchal de Mac-Mahon ; et, à la veille de l’entrée dans Paris, il recevait (c’est lui-même qui l’a dit à la commission d’enquête du 18 mars), il recevait, dis-je, dix