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Timbre ; j’ai dit, précédemment, comment il fut relâché. Il a raconté lui-même sa seconde arrestation dans une brochure d’un intérêt capital pour l’histoire de cette époque : « Une arrestation en mai 1871. — Extrait du journal le Peuple. — Paris. Librairie républicaine 1876. »

C’est le samedi que des gardes nationaux à brassard tricolore vinrent chez lui se saisir de sa personne. J’ai parlé du caprice désordonné avec lequel on promenait les prisonniers. J’ai montré une colonne, venant des Gobelins, dirigée sur le Luxembourg, puis sur l’Ecole militaire. Ici, c’est l’inverse. M. Parent, arrêté rue du Faubourg-Montmartre, est conduit au ministère des affaires étrangères, puis à l’Ecole militaire, et de là au Luxembourg. Les abattoirs se renvoyaient les prisonniers dans une inexprimable confusion.

Voilà M. Parent à l’ancien palais du Sénat.

Ici, je cite son récit :

« Arrivé là, je fus introduit dans une salle basse devant un greffier militaire auquel je dus faire une nouvelle déclaration de mon état civil. Cette formalité remplie, trois agents s’emparèrent de moi, et me conduisirent à travers la grande cour du palais transformée en bivouac, jusque sous un vestibule où venait aboutir un escalier de cave.

» Nous le descendîmes à tâtons… Après plusieurs détours, nous atteignîmes enfin une porte fortement verrouillée ; une lueur vague nous éclairait alors ; deux hommes, dont je distinguais confusément l’uniforme militaire, assis sur des débris de futaille, le revolver à la main, faisaient faction.

» Derrière cette porte, on entendait comme un grouillement d’êtres humains : au bruit de notre arrivée, les cris plaintifs ou formidables parurent redoubler :