Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/226

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J’en trouve la preuve dans les Débats du 31 mai :

« De temps à autre on voit sortir une bande de quinze à vingt individus, composée de gardes nationaux, de civils, de femmes, d’enfants de quinze à seize ans, pris les armes à la main et dont la participation active est clairement établie par des témoignages non équivoques. Ces individus sont des condamnés à mort. »

Passons maintenant à M. l’abbé Vidieu, vicaire de Saint-Roch :

« Les condamnés sortaient du théâtre par groupes de vingt à quarante, escortés par les soldats… Arrivés à la caserne, la porte s’ouvrait et se refermait sur la fournée, c’est le mot qu’employait la foule très nombreuse sur tout le parcours : puis on entendait des feux de peloton suivis de coups de feu précipités : c’était la fournée qui tombait !… »

Le Standard, le journal conservateur anglais, publie une dépêche de l’agence Reuter, disant, à propos des cours martiales du Châtelet, du Champ-de-Mars et du parc Monceau

« Des fournées de cinquante et cent insurgés sont à la fois passées par les armes. »

Enfin, un témoin m’écrit que le 28 mai, en deux heures, à partir de deux heures de l’après-midi, il a vu sortir du Châtelet six convois pour Versailles, et autant pour la caserne Lobau.

Des groupes de quinze à vingt condamnés, disent les Débats, de vingt à quarante, dit l’abbé Vidieu, et cela de temps à autre !… Il y a encore à Paris des centaines de personnes qui ont vu ces lugubres processions de condamnés : elles peuvent dire que l’appréciation de l’abbé Vidieu n’a rien d’exagéré, au contraire.

Or, la cour martiale du Châtelet était déjà en fonctions le mercredi ; c’est le mardi seulement qu’elle a cessé de